L’actualité a récemment dirigé ses feux sur la Sclérose En Plaques à la suite d’un article paru dans Science, le 13 janvier, mettant en cause la responsabilité du virus Epstein-Barr (EBV) dans cette pathologie.
Comme responsable de l’École de la SEP pour l’Île-de-France et représentant de la DD75, Jacques Gonzales a voulu interviewer une spécialiste reconnue dans ce domaine, Céline Louapre, un médecin chercheur du Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière. L’étude américaine publiée à la mi-janvier provient d’une équipe qui a déjà fait état de ses recherches en 2005 et qui l’a prolongée. Cette publication n’est pas révolutionnaire car le lien entre le virus Epstein-Barr et la SEP est connu et étudié depuis plus de 30 ans, mais elle apporte des informations nouvelles importantes. Elle disculpe d'autres virus, dont le Cytomégalovirus (CMV), dans l’apparition de la SEP. En revanche, elle montre qu’il y a un lien entre la survenue de la maladie et la contamination par le virus Epstein Barr, avec un risque multiplié par 32 de développer une SEP plusieurs années après l’infection, par rapport aux personnes qui n’ont pas été contaminées. Cependant, il s’agit d’un virus très répandu, puisque 95% des adultes ont été contaminés un jour, et que parmi les adultes contaminés, seulement 0,1% développera un jour une SEP. D’autres facteurs de susceptibilité sont donc impliqués dans le déclenchement de la SEP.
Comme c’est une étude épidémiologique, ce lien est direct ou non, c’est-à-dire que ce travail ne démonte pas les mécanismes liant cause et conséquence. Pour autant cette analyse du suivi de millions de personnes sur de nombreuses années dont 955 sont tombées malades permet d’avoir une meilleure idée de l’histoire de la maladie : la rencontre avec le virus qui est très banale (95% des adultes ont été infectés par le passé, la mononucléose est très répandue) provoque dans un premier temps une séroconversion et dix ans plus tard en moyenne peuvent apparaître, chez certains, une élévation du taux des neurofilaments, puis quelques années après des symptômes de la SEP. Une seule personne malade fait exception à ce scénario.
Cette publication ne permet pas pour le moment de modifier la prise en charge des patients atteints de SEP, mais s’il existait un vaccin efficace pour prévenir l’infection par le virus Epstein-Barr, il pourrait être possible de diminuer le risque de développer une sclérose en plaques chez les individus à risque. Une publication plus récente encore fait état de la présence de lymphocytes B chez les patients atteints de SEP, qui ont une reconnaissance commune entre une protéine du virus Epstein-Barr et une protéine du système nerveux central.
Ces avancées vont permettre de mieux comprendre les mécanismes immunitaires qui provoquent la démyélinisation constatée dans la SEP à la suite d’une infection par le virus Epstein-Barr.Jacques Gonzales